Special thanks to Charlotte Attal to let me use her image as the header of this article. Cela fait parti d’un projet « Identités dérascisées » réalisé par Charlotte Attal (designeuse graphique) et Emelyne Chemir (designeuse textile). Pour en savoir plus : charlotte_attal

A.    Sur les traces de mon Identité

       I.            Podcast : Décris moi le Pakistan avec tes clichés

 

1.      Introduction

Salaam Aleekum ! Bismillahi rahmani raheem. Bienvenue au podcast Oraq. Le but est de partager avec vous les pensées sur une vie de diaspora pakistanaise en France. On parlera de religion, d’études, de travail, d’identité, d’Histoire avec un grand H et bien d’autres choses.
Je m’appelle Warq et suis vôtre hôte pour ce podcast. J’ai 28 ans, j’habite dans la région parisienne et je suis issue d’une immigration, arrivée en France à l’adolescence.
Dans ce podcast nous allons explorer l’image du Pakistan à travers les clichés. On explorera le Pakistan à travers les clichés des français, les clichés des immigrants pakistanais de deuxième génération et enfin ceux des pakistanais. Pour contrebalancer j’ai recueilli deux témoignages des pakistanais sur la France et sur les immigrants pakistanais. Ainsi, à la fin de ce podcast, chacun aura dit sa vérité…

1.      A quoi fait penser le Pakistan au français ?

Lorsque les français me parlent du Pakistan, ils me parlent de terrorisme, d’affaire Sarkozy, de talibans. Puis immédiatement pour compenser, ils disent adorer les cheese nan que le restau « pakpak » de leur quartier fait. Ils disent adorer le Gulab jamun et Lassi mangue et que les samossas et le biryani sont une « tuerie ». Ils ont oublié de me mentionner que leur cousine adore les habits pakistanais, le sari et tout ça. A l’aéroport quand quelqu’un ne me regarde pas comme une terroriste il me fait un « Namasté ». Souvent, quand je décline mon identité j’ai droit à «  Ah mais je croyais que t’étais une hindoue ». Hindouisme est une religion et pas une nationalité, For God Sake !  Les indiens et pakistanais c’est pas pareil, même si on mange pareil et qu’on s’habille pareil. Vous passerez votre temps à me demander combien de fêtes de mariage il y a, et de vous faire inviter à mon mariage par la même occasion. Vous me montrerez certainement vos compétences à imiter des actrices indiennes. Vous me demanderez de vous apprendre à dire quelques gros mots en ourdou. Et avec 80% de gens on en restera là pour la vie.

Tahira, possédant une maîtrise dans les Relations Internationales au Pakistan écrit dans son témoignage : “The French probably think that Pakistan is a backward, orthodox land. Their image of Pakistan would be that of a state of anarchists ruled by bearded men who punish all those who don’t believe what they believe. They also probably assume that Pakistan is a part of the Middle East. Their image of Pakistan probably has many parallels with what Media tells them about Pakistan which is not a lot but enough for them to believe that it is not a livable country.

Les français pensent probablement que le Pakistan est un pays orthodoxe et avec beaucoup de retard. Leur image du Pakistan serait celle d’une anarchie régulée par des « barbus » qui punissent tous ceux qui n’ont pas les mêmes croyances qu’eux. Ils pensent aussi sûrement que le Pakistan fait partie de Moyen Orient. Leur image du Pakistan est ciselée par ce que les médias leur font croire, ce qui est très suffisant pour eux pour croire que le Pakistan n’est pas un pays où l’on peut vivre.

2.      Qu’est-ce que je pense du Pakistan ?

Lorsque je réfléchis sur mes liens avec le Pakistan, je pense aux mangues en été, je pense au paratha pour le matin, je pense aux samossas et biryani pour les fêtes, je pense au Rooh afza pour le ramadan. Quand j’ai fini ma liste, je me rends compte que c’est que de la nourriture. Je vais pousser ma liste plus loin et je vais penser à la chaleur écrasante de l’été, des chansons de bollywood dans les bus, des mariages arrangés, des appels à la prière. Dans un ultime effort, soudain me surviennent les images de nos nuits à la belle étoile sur le toit, les courses-poursuites avec mes profs à l’école, le lavage de la maison à grande eau, le rituel de mettre de l’huile sur les cheveux, les histoires de migration de grand-mère, les bonbons de mon grand-père, nos balades sur sa moto à 4 ou 5, le stand de burger au bout de la rue, les réunions pour réciter le Quran, l’eidi dépensée dans des fêtes foraine pour la Eid.
Je me rappelle de la maison de mes grands-parents dans leur village au Punjab. On y allait en train qu’on prenait à 16h de Pakistan Railways Karachi Cantonement Station à Karachi et on arrivait le lendemain 11h à Lahore Cantt. Railway station. Ce long trajet, où l’on avait le temps de s’ennuyer. Aujourd’hui, pour les pakistanais de France, s’ils n’ont plus de liens avec la famille au Pakistan, le lien affectif et le lien avec le pays commence à ternir. C’est aussi pour le maintien de ce lien que les familles vont chercher à épouser au pays.
Mais certains franco-pakistanais ont d’excellents souvenirs de vacances passés avec la grande famille mais ils ont l’impression que les autres les voient comme un portefeuille sur pattes, une personne chanceuse à la vie facile, une personne fragile qu’il faut accompagner et au passage en profiter. Cela génère aussi des frustrations pour les personnes habituées à être maîtres de leurs vies, de se trouver dans une position où leur caractère est un peu mis entre parenthèses. Le respect de l’image des parents empêche les enfants à vraiment être eux-mêmes, ce qui peut amener leurs cousins à les prendre pour des imbéciles et les ridiculiser.
Au final, les pakistanais de France auront presque une relation conflictuelle car après le prix de traumatisme qu’ils ont pu payé, ils se trouvent un peu coupables de mériter le meilleur des deux mondes. Ils ne se trouvent jamais satisfaits.

Arzam, étudiant en comptabilité m’écrit : Overseas Pakistanis have a great importance in the eyes of Pakistanis. Yet it wouldn’t be wrong to say that Pakistanis consider them as a money tree. No doubt on the contrary  that they are anxious or concerned about the safety and security of their brothers or sisters living abroad specially  in the countries where following religion is kind of difficult. Pakistani government too has a great concern for overseas Pakistanis as they play an important part in country GDP growth. Pakistani families usually spent a hard time to settle down any of their family member abroad. Yet it is also not wrong to say that their hearts beat together in hard times. Pakistanis also consider overseas Pakistanis as an ambassador of Pakistan. 

« Les pakistanais d’outre-mer ont une grande importance au regard des pakistanais locaux. Même s’il ne serait pas faux d’affirmer qu’ils les considèrent comme des « arbres à sous ». Mais il n’y a pas de doute sur le fait qu’ils s’inquiètent vis à vis de la sûreté et la sécurité de leurs proches qui habitent à l’étranger, plus particulièrement s’il habitent dans les pays où la pratique de l’Islam est difficile. Le gouvernement pakistanais est lui aussi assez préoccupé par les problématiques des pakistanais d’outre-mer vu qu’ils ont un rôle important dans l’accroissement de PIB. Les familles pakistanaises se donnent vraiment du mal à installer une personne de leur famille à l’étranger. Il ne serait pas incorrect de dire que leurs cœurs battent ensemble en temps difficiles. Les pakistanais considèrent aussi les pakistanais d’outre-mer comme des ambassadeurs du Pakistan. « 

Tahira, elle a une opinion plus tranchée et honnête : Pakistani immigrants believe that whilst Pakistan is a great country, it is not safe or secure. It is the place that they inevitably belong to but they are far too different now than what they used to be. So they cannot go back home to Pakistan and then adjust. They may claim to love Pakistan but they only love it from afar.

« Les immigrants pakistanais pensent que même si le Pakistan est un pays grandiose, il n’est pas sûr. C’est un endroit avec lequel ils ont des liens incontestables mais ils ont trop changé par rapport à ce qu’ils étaient pour revenir au Pakistan et s’y accommoder de nouveau. Ils peuvent proclamer qu’ils aiment le Pakistan mais ils le font que de loin. »

3.      Ce que les pakistanais pensent du Pakistan

Les clichés que j’ai pu vous citer, le Pakistan est bien plus que tout ça, les gens sont bien plus que ça. Les médias dans leurs films ont besoin de stéréotypes pour raconter des histoires. Mais les personnes réelles sont bien plus que des stéréotypes. Une éducation dans les deux sens doit se faire dans une bonne atmosphère.

Arzam : Pakistani nation literally love their homeland and are really patriotic like they love to die for their homeland. They think Pakistan is a blessing of Allah for them and to be honnest it is. But many of them think that they aren’t using their resources efficiently. Pakistan is blessed with one of the world’s highest mountains, the sea, the desert, the plains, different weathers, minerals and much more. But they also know that yes, they are far back in technology and in other sectors too. And yet, Pakistanis are helpful and hospitable.  They rank at top in the nations who donate a lot.

« La nation pakistanaise aime littéralement son pays. Les pakistanais sont vraiment patriotiques, au point de sacrifier leur vie pour leur patrie. Pour eux, le Pakistan est un bienfait d’Allah et pour être honnête il l’est ! Cependant beaucoup d’entre eux pensent qu’ils n’utilisent pas les ressources efficacement. Le Pakistan est doté des montagnes les plus hautes, de la mer, du désert, des plateaux, des saisons différentes, des minéraux et plein d’autres merveilles encore. Cependant, les pakistanais sont aussi conscients qu’ils sont assez en retard sur la technologie et dans d’autres secteurs. Mais aussi que les pakistanais sont très serviables et ils sont au top des nations qui font des dons. »
Je suis donc allée vérifier l’index de générosité sur Wikipédia et en 2018 le Pakistan occupait non pas la Première mais la 91ème place, tandis que la France occupait la 72ème position. Mais si on remonte en 2013, il était en 51ème position et la France occupait la 77ème position. Pour un pays qui est lui-même en difficulté, je trouve ça honorable. [1]

Tahira continue : Most Pakistanis are in here because they have a genuine affection and appreciation towards their motherland. They love Pakistan and they appreciate the care that it affers to them and the leisure it brings. Pakistanis love Pakistan because it is a place that will accept all their flaws and not throw them out.  Pakistan has its shortcomings though. Pakistan is not a safe place by any means, and some Pakistanis are frustrated about the misallotment of resources which will always stop Pakistan from being great.

« La plupart de Pakistanais y restent parce qu’ils ont un amour véritable et de l’affection pour leur pays. Ils aiment le Pakistan et apprécient le soin qu’il leur offre et les divertissements qui le caractérisent. Les pakistanais aiment leur pays parce que c’est un endroit qui accepte leurs défauts et ne vas pas les expulser. Cependant le Pakistan a aussi ses difficultés. Ce n’est pas un endroit sûr et la très mauvaise gestion des ressources naturelles génère des frustrations au sein de la nation, ce qui va toujours être un obstacle pour que le Pakistan devienne un pays grandiose. »

4.      Conclusion

Pour clôturer cette première épisode j’aimerais qu’on révise nos stéréotypes. Nous avons tous développés des clichés parce que consommer ce qu’on nous offre tout fait sous forme de films, reportages ou récits de voyages) est plus facile mais ça peut être biaisé par l’opinion des médias. Lorsqu’on voyage avec des groupes, on ne sort pas non plus des sentiers battus. Alors pour aller au-delà de ces clichés, il faut faire un peu d’exercice mental, ou avant de projeter ce que l’on sait, peut-être faire une recherche personnelle pour avoir ses propres bases qui nous permettent ensuite de naviguer et voir l’envers du décor.
Je suis peut être prédisposée à voir ce décor parce que moi-même j’ai traversé des frontières. Mais je me dois de faire cet exercice tout autant pour connaitre d’autres histoires que je ne connais pas. J’espère, inshallah, que nous pourrons prochainement aller explorer le Pakistan au-delà de ces clichés et ouvrir le dialogue.
Merci d’avoir écouté le podcast. J’espère inshallah que nous nous retrouverons très vite autour d’autres sujets intéressants. Portez-vous bien. Salam aleekum.
[1] https://en.wikipedia.org/wiki/World_Giving_Index

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