A.    Sur les traces de mon Identité

     I.            Identité

1.      Introduction

Bismillahirahmaniraheem. Salam Aleekum, dans ce podcast nous allons un peu rétropédaler. Nous avons beaucoup parlé de l’identité hybride et questionné l’identité de la diaspora Pakistanaise. Mais concrètement, qu’est ce que l’identité ?

Dans son étude Education et Transmission familiale de l’identité culturelle à la réunion : Entre refus et  appropriation[1], Alexandrine Dijoux fait un remarquable travail de définition de l’identité et les différentes réactions qu’on peut avoir.

L’« identité » est un terme polysémique. Sa définition est donc difficile car elle est très personnelle et très différente en fonction des personnes ; elle évolue tout le temps. Mais d’une manière générale, étymologiquement, selon le Robert, l’« identité » vient du latin « identitas », de « idem » qui signifie « le même ». Elle renvoie à ce par quoi un individu, un groupe se sent définit, accepté et reconnu comme tel par autrui. L’« identité » renvoie à la question « qui ? » et à l’être : être quelqu’un.

Elle est multiple : identité personnelle et Identité sociale, professionnelle, culturelle.

        i.            Identité personnelle

L’identité personnelle pour le psychologue Pierre TAP, est «  le sentiment d’identité, c’est-à-dire le fait que l’individu se perçoit le même, reste le même dans le temps » Le prénom est donc un attribut de l’identité personnelle, ce qui le rend unique mais il partage d’autres attributs commune à la société auquel il appartient. Ce qui forme l’identité sociale.

      ii.            Identité sociale

Le plus évident  marqueur de l’identité sociale est le phénotype, les traits sont similaires, les couleurs sont proches. Ensuite, il y a le partage des statues sociales et légales similaires : Les individus appartenant à une même société vont avoir tendance à idéaliser ou exercer certains métiers et se partager la même identité légale au niveau des nationalités, doits et passeports. Cette identité sociale englobe les différents groupes auxquelles on peut appartenir : pakistanais, français, européen, sud-asiatique, femmes, hommes, jeunes, vieux, riches pauvres, etc sachant que la famille est le premier groupe d’appartenance observable. Par opposition au prénom, le patronyme ou matronyme, lui est un signe d’origine. « Grâce à lui, on peut définir la parenté et faire le lien avec la lignée, l’histoire personnelle… C’est le marqueur de la filiation, de la génération, mais c’est parfois aussi un classificateur indiquant un ancrage local d’une région, d’un pays ou encore d’un statut social. Il s’agit là d’une difficulté pour les descendants d’esclaves qui n’ont pas eu droit d’utiliser leur réel patronyme ; difficulté également pour ceux dont le phénotype ne correspond pas toujours au patronyme. »

   iii.            Identité professionnelle

Le sociologue Renaud SAINSAULIEU, dans son livre L’identité au travail soutient que «  l’entreprise est une petite société et donc aussi un lieu  où, par la socialisation collective au travail, se construit l’identité et se fait la réalisation de soi. » Un emploi se traduit par une identité sociale et influe sur son image de soi. L’individu construit son identité professionnelle sur son identité sociale, et inversement son identité sociale se construit sur son identité professionnelle.

   iv.            Identité collective, culturelle et ethnique

L’identité collective quant à elle, regroupe les membres d’une communauté, qui dépassant leurs inégalités sociales se sentant attachés à une même langue et  histoire ainsi qu’aux symboles et  valeurs communes.

Appartenir à une culture, à une identité culturelle, implique selon Carmel CAMILLERI1 « qu’on soit reconnu comme semblable aux autres ».On acquiert cette culture via le phénomène dit «  socialisation ou de enculturation » qui commence dès l’enfance et dure tout au long de la vie, toujours en construction, toujours inachevé » L’identité culturelle va se définir dans le temps et dans l’espace car les mœurs évoluent avec le temps et diffèrent au sein même d’une territoire. Il est quasi impossible d’en capter l’essence par écrit car en perpétuelle mutation, toute description est obsolète avant même de paraître.

2.      Donc finalement ? Qu’est ce que l’identité ?

L’identité est multidimensionnelle avec une composante de l’identité personnelle qui est subjective, une composante objective qui est identité sociale, et l’identité culturelle qui est mouvante. Tout en étant plurielle, écrit Etienne BOURGEOIS, docteur en Sciences de l’Education,  l’identité « n’est pas une juxtaposition de ces multiples identités. Elle en constitue l’intégration en un tout structuré, plus ou moins cohérent et fonctionnel ». Selon Erik Erikson, psychanalyste américain : L’identité a un caractère fluide, de transformation jamais achevée.

On peut donc en conclure que l’identité est la double articulation d’une composante permanente et d’une composante changeante. C’est un phénomène instable soumis au temps : Elle se repose sur l’histoire, sur l’époque actuelle et nos projets. D’autre part elle est soumise aux relations sociales : on va se définir relativement aux autres.

L’individu reste tout de même acteur conscient ou non dans la construction de son identité. Lorsque la société leur attribue une identité sociale et ethnique, les minorités ont des comportements diversifiés allant de rejet, négociation à l’acceptation. Pour cela elles peuvent avoir recours à plusieurs stratégies : On va essayer de définir succinctement quelques stratégies :

        i.            L’intériorisation

L’intériorisation consiste à accepter totalement l’image qu’on associe au groupe même s’il n’est pas juste.

      ii.            La surenchère

Dans la surenchère on va accepter l’identité assignée mais aussi mettre en avant les traits les plus stigmatisant en avant. Cette stratégie est individuelle.

    iii.            Le contournement

Lorsque les critères identitaires assignés sont assez floues, cela permet à un groupe de ne pas se sentir concerné et se construire une autre espace identitaire propre à lui.

    iv.            Le retournement sémantique

L’identité assignée est respectée mais transforme la négativité en positivité. C’est une des stratégies les plus fréquentes que de transformer ses faiblesses en ses points forts.

     v.            L’instrumentalisation de l’identité assignée

C’est un mode d’acceptation ou le groupe se rend compte des injustices et tente de les utiliser à son avantage.

    vi.            La recomposition identitaire

La recomposition identitaire vise à donner un nouveau sens aux attributs assignés même si ce n’est pas authentique.

  vii.            L’assignation au majoritaire

Les individus vont embrasser les valeurs du groupe majoritaires afin d’accéder à leur identité sociale. Leurs tactiques sont multiples :

  • Changement de prénom et de patronyme
  • Adoption à 100% de la langue majoritaire délaissant la langue d’origine
  • Etablir son domicile à l’écart des individus de groupe minoritaire
  • Changement d’identité nationale à travers la naturalisation

viii.            Le déni

Le refus net d’accepter les traits assignés aux groupes.

 ix.            L’action collective

Stratégie collective par un groupe pour contester et revaloriser collectivement leur identité. Comme la condition des femmes par exemple.

3.      Conclusion

Pour conclure, d’après cette étude on constate que l’identité a une constante permanente et l’autre constante est justement le changement car l’identité change en fonction de temps et espace. Les individus et les groupes ont différentes stratégie pour conserver leur identité ou de l’abandonner.  J’espère que ces définitions nous permettront de mieux comprendre  les podcast à venir inshallah. Selon vous, quelles sont les stratégies identitaires que les pakistanais de France ont adopté ?

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[1] https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01127947

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