2 février 2021 / admin / 0 Comments
A. Sur les traces de mon Identité
I. Transmettre un héritage culturelle une grande responsabilité
1. Introduction
Salam Aleekum tout le monde. Bienvenu à cette nouvelle épisode de Podcast Oraq : le podcast qui parle de la diaspora pakistanaise en France. Je m’appelle Warq et je suis votre hôte pour ce podcast.
Dans cette série de podcast, nous avons essayé de définir ce qu’est une identité culturelle et en quoi sa transmission est importante pour la diaspora. Dans une deuxième partie nous avions exploré la culture pakistanaise et son caractère pluriel et changeant. Puis nous avons vu ce que la diaspora actuelle transmet à ses enfants et en quoi ce n’est pas bien reçu.
Dans le podcast d’aujourd’hui, nous faisons un point sur ce qu’est un contexte favorable à la transmission culturelle et identifier les « passeurs » culturelles. Conjointement, on mène une réflexion sur la façon la plus propice pour transmettre un héritage culturelle.
2. Qui transmet ?
Même si les parents mettent un point d’honneur à transmettre les valeurs religieuses, la stratégie globale de transmission ne paraît pas réfléchie ai sein de la diaspora pakistanaise. Elle semble être une bateau tantôt balloté par l’actualité, tantôt par les politiques de famille et tantôt par les passions propres des parents. Une étude de ministre de la culture et de la communication menée en 2014, se penche sur la transmission des passions culturelle. L’étude suggère que « l’intérêt pour la culture relève [soit du] registre de la reproduction, quand une passion permet de prolonger une tradition familiale ou locale et ainsi, d’affirmer une appartenance héritée ; ou dans [le ] registre de rupture et d’arrachement à ces appartenances héritées, quand la passion traduit une volonté de s’en affranchir ou répond à une recherche de libération de soi. »[1] Ainsi, pour un enfant né dans une famille passionné par l’équitation, il est plus facile de pratiquer l’équitation parce que les parents sont au courant des us et coutumes de ce loisir. Tandis qu’on trouvera plus rarement des skieurs dans les familles pakistanaises où les parents eux-mêmes n’ont jamais skié. Cela met en exergue qu’on peut soi-même s’approprier des passions, des activités culturelles donc une identité culturelle. Cependant, vu qu’on s’est forgé cette identité nouvelle, on ne sent pas un besoin de le transmettre absolument à ses enfants. Sans doute les laissant libre court à leur tour de se constituer une identité culturelle. Contrairement à l’attachement que d’autres familles auront pour perpétuer une série de violonistes, une 5ème génération de santonnier… L’étude ministérielle appuie cette logique :« les deux tiers des « passeurs » (64 %) n’avaient eux mêmes reçu aucune passion culturelle en héritage. »
Si on ne peut contester la transmission d’un élément culturelle, ce serait évidemment la cuisine pakistnaise. La cuisine desi est une source de fierté pour toute la communauté et qui rayonne au-delà de ses sphères. J’ai un collègue qui à chaque fois qu’il voyage en Angleterre mange qu’indien car la cuisine britannique étant infâme. Transmettre les recettes est presque naturelle et automatique. C’est une des terrains d’entente entre les enfants et les parents. Vous avez certainement vu des chaines youtube qui sont souvent tenus par des femmes. L’étude ministérielle va dans ce sens : « Le rôle des femmes apparaît, dans ce contexte, supérieur à celui des hommes : elles sont deux fois plus nombreuses à avoir transmis une passion culturelle après en avoir reçu une (4 % contre 2 %), si bien que près des trois quarts des passions ayant franchi le cap de la seconde génération (71 %) ont été « passées » par des femmes. »
Un autre élément qui se transmet plus ou moins naturellement est la langue. « La langue est un bout de pays auquel les immigrants peuvent s’accrocher et c’est un outil qui leur permet d’avoir le sentiment de communauté avec ceux qui parlent la même langue ». Il va être très facile, voire naturelle de transmettre la langue si les deux parents parlent la même langue. Lorsque les langues des parents diffèrent les schémas sont un peu différents. Ça peut être vertueux : les enfants parlent les deux langues des parents soit moins productive car c’est moins ludique quand votre partenaire ne comprend pas la langue. Ça peut devenir un vrai challenge dans les mariages mixtes ce qui peut expliquer le taux élevée de mariages endogame. Souvent avec un époux « importé » du pays pour rafraichir la culture et maintenir la qualité de la langue. Cependant, il arrive aussi que « Les enfants qui comprennent la langue de leur parents les répondent en [la langue de pays d’accueil, en occurrence français] lorsque leurs parents s’adressent à eux dans leur langue maternel. (Wakil et al., 1981, p. 937). Mais dans certains cas ils doivent comprendre et parler la langue maternelle parce que leurs parents ou leur famille ne comprend pas l’anglais. ». On peut toutefois assez facilement comprendre l’engouement autour de la transmision de La langue permet non seulement de se connecter à la toute la communauté de diaspora mais aussi à la population de pays d’origine, avec ses ressources culturelles tels que les livres, les contenues audio et visuels qui ouvrent d’autres portes encore de la culture.
L’aspect le plus controversée d’un héritage culturel serait la religion comme nous avons vu dans le podcast précédent. La famille transmet ses croyances. Les femmes essaient d’apprendre le Coran à leurs enfants et à faire les prières. Les hommes vont pouvoir amener les enfants avec eux à la mosquée. Les parents pakistanais ici sont confrontés à une difficulté qui leur est propre. La plupart des mosquées sont arabophone et ne mettent pas l’accent sur les prêches en français et même s’il y avait des prêches en français, ils ne comprennent pas tout. Ce qu’ils essaient de transmettre à leur enfant vient de ce qu’ils ont eux même appris de leurs ancêtres sans se poser les questions. Mais leurs enfants leur posent des questions, décortiquent les traditions de la religion, demandent des références. Il leur est souvent difficile de répondre et parfois même de comprendre le questionnement des valeurs. Cependant, ces questions peuvent justement aider à séparer l’essentiel de superflu ainsi à garder la partie de notre identité sans la quelle une personne serait incomplète et laisser aller les parties sans les quelles on peut vivre. C’est un processus douloureux, difficile qui génère des clashes mais est essentiel.
Enfin, j’aimerais mettre en lumière pour les parents qu’on ne peut par magie transmettre tout ses valeurs : cela vient avec un effort, c’a un prix. Cela commence par comment on nomme l’enfant. Est ce qu’on fait honneur à son histoire ou on s’intègre dans le pays d’accueil ? Ensuite, cela passe par les fêtes qu’on va célébrer religieuse ou nationales. Si on ne mets pas d’effort dans l’organisation de l’Aïd, aux achats de cadeaux et nouveaux habits pour ces fêtes il est normale que les enfants seront plus attirer par la fête de noël célébré en grande pompe. Si on ne fête pas le 14 Août, qu’on ne maintient pas le lien avec la culture pakistanaise c’est difficile d’imaginer que les enfants auront des liens forts avec le pays d’origine. Pour cela certains parents amènent régulièrement leurs enfants en vacances auprès de la famille et certains vont même jusqu’à passer quelques années d’éducation au Pakistan pour leur offrir le « tarbiyat ». [2]
3. Quelques pistes
Mon conseil serait de transmettre des idéologies déjà les parents adhèrent, sinon c’est contradictoire et source de confusion pour les enfants. Posez-vous les questions dans mon héritage qu’est qui est essentiel ? Qu’est ce qui a une valeur ajouté ?
Vous pouvez également établir des calendriers thématiques avec des jours religieux et culturel importants. Vous pouvez trouver un moyen ludique de leur transmettre la langue, avec l’écriture et la lecture. Beaucoup d’initiatives existent sur internet maintenant. Leur faire connaitre vos chansons, vos filmes préférés. Vos histoires de familles et celles de vos ancêtres. Vous pouvez créer avec eux un arbre généalogique ce qui vous permettra de prendre les nouvelles de tout le monde et aussi à faire comprendre les liens à vos enfants.[3]
Vous pouvez planifier en famille ce que vous allez faire ces jours là. Par exemple le 14 Aout, préparer des jhandiyan avec vos enfants, éclairer votre balcon. Quand vos enfants verront les fêtes islamiques, françaises et pakistanaises ajoutés à leur calendrier, ils verront leur richesse. Par exemple vous pourrez les initier aux galettes des rois ou leur faire des crêpes en février, créer un jeu pour les œufs de pâques. Vous pouvez vous approprier ces moments avec vos propres inventions pour que vos enfants ne se sentent pas lésés en les expliquant dès leur plus jeune âge pourquoi vous fêtez ou pas tel ou tel fête. Préparez vos enfants à avoir ces discussions. Invitez leurs amis quand ce sont vos fêtes religieuses. Pour les fêtes de l’Aïd, vous pouvez demander à vos enfants de décorer de préparer un coin prière. Réserver des habits neufs ou spéciaux pour ces occasions peut aussi rendre ces jours remarquables. Vous pouvez tout au long de l’année inviter et rendre visites au gens qui ont la même histoire que vous pour que vos enfants aient des repères.
Amener vos enfants au Pakistan pour leur offrir l’expérience la plus locale possible est un excellent moyen : les amener faire des courses, les introduits au produits et spécialités, les faires voyager dans les transports locaux peut être très stimulant pour eux. Si vos moyens le permettent, vous pouvez planifier avec vos enfants d’y habiter pour quelques temps.
C’est sain pour les parents et pour les enfants d’avoir le cadre pays d’accueil et pays d’origine. Dans cette transmission culturelle, il serait dommage de ne pas les impliquer, éduquer au niveau des enjeux de pays actuel. Il est important de les impliquer pour qu’ils y trouvent leur place. Qu’ils se trouvent une légitimité à être des citoyens de leur pays d’origine. Aller voter et discuter des affaires courantes à table ou dans le salon est une solution.
« Près d’un Français sur trois (30 %) déclare avoir reçu de son entourage, au cours de l’enfance, une activité de loisirs ou une passion en héritage » De même, les personnes ayant reçu une passion culturelle sont plus nombreuses à être issues d’une famille où les discussions étaient nombreuses, où on parlait de l’actualité, de l’école, du travail des parents… Elles sont également plus nombreuses dans les familles où les conflits et les problèmes étaient les plus fréquents : avoir vécu son enfance dans un cercle familial où l’on s’opposait à propos de politique, de religion ou de choix de vie et/ou où l’on connaissait des difficultés est globalement corrélé à la transmission d’une passion culturelle. »
Une des pistes peut également être la déconstruction des pensées. Pourquoi votre enfant n’aime pas les habits pakistanais ? Qu’est ce qu’il y associe qui ne lui plaît pas ? Est-ce qu’iel a une image partielle de la chose ? Pouvez-vous lui montrer une facette plus prestigieuse ? Pouvez-vous lui montrer en quoi les habits pakistanais sont un support d’identité ? Soutiennent des chaînes économiques ? Lui permette de renouer avec ses racines ?
Qu’est ce qui dérange votre enfant à parler urdu en public ? Le regard des autres ? En quoi ce regard est différent d’un regard quand on voit quelqu’un parler anglais, japonais ou russe ? Est-ce qu’il y a une différence réelle ou c’est un complexe intériorisé ?
Décortiquer les raisonnements peut non seulement être bénéfique pour les enfants mais aussi pour les parents.
Enfin, les nouvelles technologies permettent à la diaspora non seulement l’intégration dans la société hôte à travers des réseaux d’entraide mais aussi avoir un sentiment d’être « là bas » tout en étant « ici ». La diaspora chinoise est particulièrement exemplaire dans ce domaine. [4]
4. Conclusion
J’aimerais juste finir ce podcast avec un mot de tolérance envers soi : nous savons que les parents ont d’autres fronts sur lesquelles se battent. On n’est pas tous superman et superwoman. Il y a que le Quran qui serra transmis sans pertes. Alors dans la culture soyez plus tolérants. Toutes ces identités font partie de ce monde, identité musulmane est plus importante car on va l’emporter dans notre tombe. Alors si vous avez peu de temps, focalisez-vous sur cette transmission là.
5. Ressources
Pour aller plus loin, vous pouvez regarder le film « Va, vit et devient » de Radu Maihaileanu, à propos d’un jeune enfant qui doit abandonner sa religion pour survivre. Le film « Lost in Translation » de Sofia Coppola à propos des barrières culturelles. En termes de livres vous pouvez lire Motherhood across borders de Gabrielle Oliviera. J’ai mis quelques liens de vidéos des humoristes et des Ted talk sur les sujets. Sachez que les ressources que j’exploite sont toujours plus riches par rapport ce que j’arrive à vous présenter donc vous pouvez toujours consulter mes références pour aller plus loin.
Gabrielle Oliviera sur la fluidité des identités : https://www.youtube.com/watch?v=K_TUUA-aHAw
[1] MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION. Direction de l’administration générale. Bulletin du Département des études et de la prospective Directeur de la publication : Guillaume CERUTTI. Rédacteur en chef : Paul TOLILA. La Documentation française/ISSN 0294-8451
[2] Going Back to Pakistan for Education? The Interplay of Return Mobilities, Education, and Transnational Living
[3] Yasir Qadhi https://www.youtube.com/watch?v=wOCt6-pBFtU&ab_channel=YasirQadhi
[4]https://doi.org/10.4000/netcom.303
2 février 2021 / admin / 0 Comments
A. Sur les traces de mon Identité
I. Que transmettent les parents de la diaspora pakistanaise à leurs enfants ?
1. Introduction
Bismillahirahmaniraheem. Salam Aleekum tout le monde. Bienvenu à cette nouvelle épisode de Podcast Oraq : le podcast qui parle de la diaspora pakistanaise en France. Et moi, je suis Warq votre hôte pour ce podcast.
Dans les podcasts précédents, nous avons essayé de définir ce qu’est une identité culturelle et en quoi sa transmission est importante pour la diaspora. Nous avons également exploré la culture pakistanaise et son caractère pluriel et changeant.
Dans le podcast d’aujourd’hui, nous faisons un état des lieux de ce que les parents de la diaspora pakistanaise transmettent à leurs enfants et comment le caractère contraignant de la culture prend le dessus.
2. L’état des lieux parents pakistanais
Une étude canadienne menée par Sahar Khan[1] début 2020, intitulée Elever les Canadien-stanais : la parentalité dans les communautés musulmanes au Canada, met en lumière un fait très intéressant : L’islam conditionne la parentalité. Nos parents « apportent leurs croyances et attitudes de leur pays et essaient de les mettre en place avec leurs enfants » La plupart des conflits entre les parents et les enfants vont avoir lieu non pas sur le type de repas, d’éducation ou la nature de travail mais sur les aspects qui clachent avec la religion c’est-à-dire les sujets concernant le dating, l’orientation sexuelle et la sexualité qui occupent un pan non négligeable dans la société d’accueil et sont considéré haram et/ou tabou dans la société d’origine.
Selon Zaidi et al. : « Les parents musulmans sont très engagés à s’assurer que leurs enfants comprennent et suivent leur religion car ils s’inquiètent que si leurs enfants vont la perdre, ils ne la passeront pas aux générations futures. » Les parents enseignent à leurs enfants les 5 pilliers de l’islam, incluant le jeûne pendant le Ramadan, lire le Quran et comment faire une prière au plus jeune âge. Et pour beaucoup d’enfants d’immigrants, l’Islam occupe une place centrale dans leurs vies. Mais cela peut se révéler comme un challenge dans leurs vies de tous les jours comme par exemple résister au choix de tester de nouvelles cuisines où la viande n’est pas halal. Même si pratiquement tous vont se refréner de consommer le porc. Il en est de même, quand il est question de faire ces cinq prières à l’heure. L’étude de sahar Khan poursuit « le problème ici est que l’école et le travail dans le pays d’accueil prend la majeur partie de la journée et il n’y a pas beaucoup de possibilité de prendre des pauses pour aller prier comme dans le pays d’origine. » Les immigrants sont donc confrontés à un clash de remplir leurs devoir religieux et académique en même. Ce qui résulte à faire des compromis : on va rattraper les 5 prières à la maison, on va aller prier que le vendredi à la mosquée. Le Canada commence à fournir des salles dédié aux religions pour permettre aux élèves de pratiquer la religion. Ce qui est un progrès pour soulager les enfants des conflits intérieurs qu’ils peuvent avoir.
« Les parents issus de l’immigration sont extrêmement anxieux de perdre leur culture et traditions avec les générations et c’est primordial pour eux de s’assurer qu’elles sont transmises d’une génération à l’autre. » Selon Wakil et al (Wakil et al., 1981, p. 939) La plus grande peur des parents est de voir leur enfant devenir occidental au-delà d’être reconnaissable dans sa culture d’origine. Les enfants sont encouragés à faire mieux dans leurs études et carrières professionnels alors que les aspects les plus intimes de leurs vies sont régies par les normes d’une une société lointaine. Donc tout ce que la culture pakistanaise peut représenter pour eux est d’une certaine façon une contrainte : C’est le cas de la notion d’honneur de famille. On doit respecter les aînées même s’ils sont injustes et pas très instruits. L’étude mentionne que le respect des ainées est particulièrement important pour les pakistanais aussi bien dans le pays d’origine que dans le pays d’accueil. Leur manquer de respect équivaut à ternir la réputation de la famille, ce qui est la pire chose qu’une personne puisse faire dans un foyer pakistanais. Cet aspect est commune à l’Asie en générale visible par exemple dans la gestion de la pandémie en Chine et dans les autres pays asiatique : la société prime sur l’individu. C’est valable pour les pakistanais « les membres de famille sont supposée considérer les besoins, statuts et l’honneur de leur famille avant leur besoins et désirs personnels ».
Pour ce qui relève de l’égalité des sexes : Les filles sont élevées d’une façon différentes que les garçons : elles vont devoir prendre part aux taches ménagères plus que leur frères tout en poursuivant leur études et être compétitives dans le milieu de travail ce qui est témoin d’une éducation avec deux poids deux mesures. Selon Zaidi et al. « Historiquement et traditionnellement les filles étaient gardées à la maison et élevées pour être maternels, responsables et obéissantes. Le domaine des garçons était de s’occuper des affaires externes à la maison où ils apprenaient comment être indépendant et devenir le soutient de la famille. » Le poids d’honneur semble se reposer essentiellement sur les filles que sur les garçons d’une même famille, de même origine et de même religion.
Puisqu’on parle de filles, parlons mariage qui constitue un aspect important de la culture pakistanaise aussi bien dans son fond que dans sa forme. L’étude de Sahar Khan est assez complet là-dessus. Pour les parents, le concept de « sortir avec quelqu’un » et/ou « tomber amoureux avant le mariage » est une aberration alors que dans la société d’accueil, ça fait partie des mœurs. Les parents immigrants le perçoivent comme une atteinte à leurs valeurs et cela génère les conflits. Certains jeunes vont donc cacher leurs relations à leurs parents. Voir quelqu’un peut toutefois devenir acceptable en vue de mariage même si les mariages arrangés sont le mode préféré dans la communauté pakistanaise.
Pour rentrer un peu plus dans le vif de sujet : on constate aussi que la discussion autour de sexe et la sexualité est considérée comme tabou dans les foyers pakistanais. Selon l’étude d’Ali Faisal datant de 2018, « Même si beaucoup de parents, incluant les parents musulmans, ne sont pas volontaires à communiquer ouvertement sur le sujet de sexualité, ils transmettent leurs comportement sexuels à travers les enseignements culturels et leur comportements » et si le sujet n’est pas abordé à la maison, il l’est à l’école et dans les médias. Les enfants reçoivent des messages souvent multiples et souvent contradictoires de différentes sources. Le sex avant le mariage est considéré comme haram car interdit par le Quran[2] « toute déviation à ces normes religieux peut produire le culpabilité et honte. Ali-Faisal aussi suggère les termes de la culpabilité sexuel et anxiété sexuel qui est une attente de punition par la société pour avoir transgressé ou de transgresser les standards et le comportement approprié. Les conséquences des épisodes amoureuses peuvent avoir des conséquences très drastiques sur les filles comme des mariages forcées ou un boycott social. Les interviews avec les mamans musulmanes et leurs jeunes filles, conduits par la chercheuse ont mis à jour l’inégalité de traitement selon le genre « Les jeunes filles avant mariage ne sont pas censée connaître le sexe alors que c’est une attente envers les garçons avant le mariage » Il y a aussi une intolérance pour toute relation LGBTQ+ parce que les relations homosexuels sont considérés comme haram. La plupart des personnes le cachent et s’engagent dans les mariages qui ne finissent pas bien.
Les aspects évoqués dans cet étude sont réelles cependant un héritage pakistanais ne peut se résumer qu’à cela. Etre un parent immigrant n’est pas une tâche facile et les parents font de leur mieux pour transmettre ce qu’ils jugent important. Les parents immigrants font preuve de beaucoup d’ouverture et d’adaptation et négliger cet aspect reviendrait à présenter une image tronquée. Les filles sont encouragées à poursuivre leurs études et être indépendante financièrement pour ne pas subir des relations malsaines. Les enfants d’immigrants pakistanais abordent le mariage comme une relation à vie. Les parents pakistanais essaient de soutenir leur enfants jusqu’à l’autonomie financière sans considération d’âge. Les grands-parents essaient de garder leurs petits enfants pour permettre à leurs belles filles de travailler. Les mariages d’amour sont envisageables et souvent pratiqués. Les enfants de leur côté n’ont pas cette pression de mise à la porte à leurs 18 ans comme constaté dans certaine famille européenne. Un couple dès lors qu’il a des enfants se construit autour d’eux. Les mamans pakistanaises perpétuent la tradition d’hospitalité avec un grande générosité. A leur tour les enfants dans leurs interactions sont généreux. A l’image de leurs parents, les enfants des pakistanais sont persévérants, curieux et fières. Chacun des enfants de cette génération est un pionnier dans son domaine que ce soit les finances, le transport, la psychologie, le design, l’informatique. Et notre héritage identitaire a un rôle dans tout cela. Cependant, ces aspects restent absent des études. Peut-être acceptent-on d’instrumentaliser l’identité assignée pour justifier nos défauts ou bien surenchérit-on en ne mettant en avant que les aspects négatifs de nos foyers.
3. Une identité multiple des enfants de la diaspora
Concernant ces enfants d’immigrants qui se sentent tiraillé entre deux identités, j’ai trouvé que Gabrielle Oliviera, doctorante en anthropologie et éducation, auteur de livre Motherhood across borders qu’on peut traduire comme « être Maman sans frontières » a une réflexion intéressante sur la complexité de l’identité des enfants de 2ème génération ou génération 1.5.
Elle affirme qu’ « Il y a une approche sociologique linéaire qui stipule qu’un enfant va s’assimiler au pays d’accueil à une extrémité et l’autre extrémité, il y a une fluidité transnationale d’identité et comment les enfants d’immigrants et les enfants qui ont eux même immigré sont constamment entrain de négocier leur identités à l’intérieur et extérieur de l’école. » Elle travaille pour « qu’on se rapproche plus de deuxième courant qui comprends la fluidité des identité et fait comprendre [aux enfants d’immigrants] qu’ils sont plus que les personnes qui ont appris [la langue de pays d’accueil] mais qu’ils portent en eux leur fonds de connaissances et qu’ils connaissent déjà des choses et qu’on devrait s’appuyer sur les choses qu’ils connaissent déjà par opposition à l’approche déficitaire de ce qu’ils ne connaissent pas. » [3]
Le fait est que les enfants ont très peu de ressources disponibles pour mener cette réflexion à bien et très peu de modèles à suivre aussi pour accepter cette fluidité identitaire et de pouvoir vivre à fond son identité française et son identité pakistanaise transcendée par l’identité religieuse. Ce qui nous manque, sans doute, c’est de s’accepter soi même, avec tout notre bagage culturel et se permettre un peu de créativité pour imaginer une place dans la société ou on peut être soi même. Aucune société ne voudra rejeter des personnes pieuses, respectueuses, gentilles et solidaires, qui prennent soin de leurs voisins qui sont attentionnées envers leurs familles, qui sont justes dans leurs entreprises.
Nous pouvons influencer les gens, et les voir s’adapter à nous lorsque nous même formulons nos besoins et sommes en paix avec notre identité. J’ai vu mes amis revisiter des recettes de porcs caramélisé en poulet caramélisé, de s’abstenir de dire des gros mots ou de manger devant moi pendant le mois de Ramadan alors que rien ne les y obligeaient. J’ai vu des gens être conscient de calendrier hégirien et des sociétés High-Tech ouverte au port de voile. Ce qui est un grand signe d’espoir et traduit justement le fait que « si l’individu s’adapte à la société, la société s’adapte à son tour à l’individu ».
Le transmetteur d’un héritage culturel doit veiller à ne pas mettre l’emphase que sur les contraintes culturelles. En effet dans la société hôte, on peut être tentée de retenir que des aspects les plus stricts de la société d’origine afin de réclamer son appartenance. Mais de la même façon qu’il est conseillé d’introduire aux enfants l’amour d’Allah avant la crainte d’Allah, les parents devraient aussi maintenir un équilibre entre les aspects qui plaisent aux enfants et les aspects plus stricts. En effet les surahs instituant le jeûne, l’interdiction formelle d’alcool, les règles de partage de l’héritage, L’interdiction de l’usure sont révélés à Médine, soit après la hijrah, des années de prêches initiaux. Ainsi les enfants ont besoin d’une culture où ils ont plus à y gagner qu’à perdre.
4. Conclusion
Pour conclure ce podcast, toutes ces polémiques sur la culture résultent de fait que la première génération d’immigrants et la seconde ont menés des vies très différentes. Les jeunes grandissent dans un environnement où il est très difficile de résister à la tentation. Ce clash constant d’opinion met les enfants dans une situation difficile et une anxiété de perte d’héritage s’empare des parents. Le racisme, la difficulté d’apprentissage de la langue, la nature de travail des parents peut être source de ce décalage.
Cependant, si les enfants réalisent que leurs identités plurielles sont une richesse, que le caractère multiculturel est un atout dans une société de plus en plus globale, cela devient plus facile d’être à l’aise avec sa double culture.
Nous allons terminer le podcast avec une suggestion de livre d’Amin Maalouf intitulé les Identités meurtrières qui dès les premières pages trouve un écho en moi. Pensez à la planète et achetez des livres seconde main sur @recyclivre par exemple ou empruntez à la bibliothèque c’est encore mieux.
Merci d’avoir écouté ce podcast, vos commentaires et remarques sont bienvenus. Si vous avez apprécié le podcast partagez le avec vos amis, famille et connaissances. N’hésitez pas à interagir avec nous sur notre page facebook et instagram au nom d’ @oraqpodcast. Nous avons un site de même nom oraqpodcast.com
Prenez soin de vous, à bientôt, Salam Aleekum !
[1] http://ejournals,library,ualberta.ca/index/php/cjfy
[2] https://quran.com/24/2?translations=31
[3] https://www.youtube.com/watch?v=K_TUUA-aHAw
Photo by Miguel Á. Padriñán from Pexels
1 février 2021 / admin / 0 Comments
A. Sur les traces de mon Identité
I. Identité culturelle
1. Introduction
Salam Aleekum tout le monde. Bienvenu à cette nouvelle épisode de Podcast Oraq : le podcast qui parle de la diaspora pakistanaise en France. Moi, je suis Warq votre hôte pour cet épisode.
Avant de commencer, Je tiens juste à préciser que je ne suis pas sociologue ou anthropologue donc je n’ai certainement pas les outils d’études ou exposé. Ce podcast est un cheminement, la recherche sur le sujet me permet de comprendre chaque jour de nouvelles choses. Vos commentaires sur vos ressentis sont bienvenus afin d’améliorer et rester le plus authentique possible. Pour que cette discussion puisse atteindre un grand nombre de personnes, n’hésitez pas à le partager avec vos amis, familles et connaissances.
Aujourd’hui, nous abordons le sujet de la transmission culturelle au sein de la diaspora pakistanaise. Selon l’UNESCO, «La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.» [1]
Selon Patrick Chareaudau, linguiste français « aller à la quête de son identité culturelle, c’est aller à la quête de soi »[2]. Selon Taylor « la culture est un ensemble d’habitudes acquises par l’homme en société ».[3] S’il y a plusieurs sociétés, il y a plusieurs cultures. Il explique que les flux migratoires provoquent un mélange culturel qui résulte parfois en perte culturelle donc de son identité culturelle. Un phénomène qu’on appelle d’ « acculturation » par opposition à l’ « enculturation » qui est le fait d’acquérir une culture. On apprend donc que l’identité culturelle est un phénomène mouvant. Cette acculturation nous pousse à partir à la recherche de notre « culture originelle ». C’est exactement dans cette démarche que le projet de Podcast Oraq s’inscrit.
Beaucoup de parents ayant choisi l’immigration ont du mal à savoir comment transmettre leur culture.
Une maman écrit sur son blog TPL Moms[4] : « Je suis d’origine sénégalaise, française, canadienne et j’habite au Québec. La personne que je suis est teintée de toutes ces cultures. Longtemps, j’ai refusé mon héritage culturel sénégalais, pas assez cool à mon goût, jusqu’à ce que je me rende au Sénégal à 33 ans et que je réalise que la culture sénégalaise faisait partie intégrante de la personne que j’étais.
Mon héritière (ma fille) a aussi un héritage multiculturel et je veux qu’elle en soit fière. Il est important qu’elle sache d’où elle vient et quelle est l’histoire de sa famille. Lorsqu’elle est née, je lui ai laissé en héritage un prénom sénégalais. Rassurez-vous, si elle trouve que son prénom est trop typé, elle a encore trois autres prénoms avec lesquels elle peut le substituer. »
Dans une petite série de podcast nous allons nous pencher sur l’identité culturelle pakistanaise, comment elle est actuellement transmise au sein de la diaspora et comment on pourrait optimiser sa transmission.
2. Qu’est que l’identité culturelle et pourquoi cela prend des dimensions si importantes pour les parents immigrants ?
Selon Edward T Hall c’est la relation que l’homme« entretient avec lui même, avec ses institutions, ses idées, son entourage immédiat ou élargi à la communauté humaine, en un mot, à la relation qu’il entretient avec sa culture »[5]. La rencontre avec l’autre, serait une opportunité d’ouverture de soi et sur l’Autre selon Marianna Poulet dans son mémoire intitulé » La famille comme Lieu de transmission, Transmission & héritage culturelle ».
Elle questionne : En arrivant dans la société d’accueil doit-on abandonner son identité culturelle ? Certes s’intégrer dans une société reste important. Le sentiment d’appartenance à un groupe constitue un des aspects de l’identité et du sentiment de Soi. Le groupe nous donne des repères, une sécurité. En appartenant à un groupe on se définit à travers eux. Ainsi le fait d’être intégré dans une société nous permet de nous construire et d’être reconnu par les autres.
Dans l’article « L’identité culturelle entre soi et l’autre », Patrick Charaudeau parle de la quête de soi à travers l’autre. En effet, dans son texte il explique que le regard de l’autre se rapporte à nous-mêmes, il est comme notre miroir. Il cite les Fables de la Fontaine. Selon lui dans chacune d’elles l’auteur confronte deux animaux pour rendre compte à l’autre de ce qu’il est : « Le corbeau se découvre naïf et orgueilleux, sous le regard du renard ; la cigale frivole et irresponsable aux dires de la fourmi ; le lion pas si puissant que ça devant l’action du rat qui le libère des mailles du filet qui l’emprisonnent… »[6].
3. Une transmission réussie résulte d’une intégration réussie
J’ai lu plusieurs études sur la transmission culturelle concernant les mexicains aux Etats Unis, Les Réunionnais au sein de l’île même, les polonais en France et les pakistanais au Canada.
Il y a deux types de courants. Ceux qui embrasse la culture de pays d’accueil par amour, curiosité et s’intègrent. C’est le cas dans l’étude polonaise de Marianna Poulet. Elle a conduit des entretiens avec plusieurs immigrantes polonaises dont une témoigne : « j’avais envie d’apprendre la cuisine d’ici ! J’étais curieuse des habitudes des gens d’ici, et puis j’avais envie surtout ! […]J’ai intégré dans ma façon de vivre les traditions et les fêtes familiales de mon mari. J’ai construit beaucoup de chose autour de mon enfant. J’ai pris le meilleur de ma culture et de la culture française et j’ai essayé de regrouper les deux ». Elle me semble avoir atteint le modèle parfait de symbiose culturelle. Mais je suppose que de base il y avait certains points commun. Au niveau de la religion, il avait les mêmes fêtes mais différentes façon de les célébrer. Ils avaient des bases communes de pays européen et donc relativement moins de stigmatisation par rapport à quelqu’un qui vient de tiers monde. Les polonais partagent les mêmes notions à propos de travail des femmes, du style vestimentaire similaire au niveau de normes pudique. Ils ont la même couleur de peau donc une fois la langue de pays d’accueil apprise, l’intégration est naturelle et le caractère d’ « immigrants » difficile à détecter.
L’autre courant concerne les mexicains aux Etats-Unis, les réunionnais et les pakistanais au Canada, notre physique étant un passeport vivant de nos origine atteindre ce niveau d’intégration semble de base difficile. Si dans un premier temps l’individu s’adapte à la société, la société doit aussi faire l’effort de s’adapter à l’individu. Le dilemme est que dans ce contrat l’individu doit abandonner les valeurs en désaccord avec la société d’accueil, en France cela signifie abandonner sa religion or pour les pakistanais la religion est une partie intégrante de leur identité. De plus, on voit dans le film « Va, vit et devient » O combien cette abandon n’est pas naturelle.
4. Qu’est ce que la culture Pakistanaise ?
Gardons cela en tête et avant d’aller faire un état des lieux de la transmission culturelle dans la diaspora Pakistanaise, je vous propose de s’arrêter sur un article de DAWN, publié en 2015 et qui s’intitule La culture Pakistanaise : évolution, transformation et mutation[7]. Ce qui est appréciable dans cet article c’est que ça ne s’est pas arrêté aux aspects les plus acceptables de la culture.
L’article explique que le « Pakistan a vu le jour en 1947 suivant une théorie nationaliste qui décrivait les musulmans de l’Inde comme une culture et une entité politique à part dans la région. Les gauchistes et les partisans libéraux de Mohammad Ali Jinnah, fondateur de Pakistan, ont interprété cette impulsion séparatiste comme une tentative de créer un pays à majorité musulmane qui va d’office annihiler l’atmosphère de conflits intercommunautaires qui avait envahi l’Inde à l’époque.
Mais alors que les libéraux et la gauche ont considéré le mouvement séparatiste comme juste une manœuvre politique pour protéger la minorité musulmane de L’inde de la vague des conflits de l’Inde pré-partition, la droite politique l’a interprété en termes théologiques. Pour eux, la création du Pakistan était une première étape pour établir un possible califat dans l’Asie du Sud
Mais les idées de la droite ont été défiées par les progressistes dans les années 60. Ceux-ci portaient l’idée que la culture pakistanaise n’était pas monolithique mais naturellement plurielle et l’islam était une de ses facettes et non l’intégrité. C’était la combinaison de toutes les cultures individuelles des différents courants islamiques et les groupe ethniques qui occupaient le territoire. Ils ajoutaient aussi que la culture pakistanaise avait aussi adopté des éléments de la culture occidentale en héritage de son passé coloniale.
Ce qui permet à la droite de les accuser de vouloir « singer les occidentaux » et de perpétuer les rites hindous. Même si la droite elle-même est accusée d’inciter les pakistanais à « singer les arabes » et accepter un statut d’un musulman de seconde zone.
A l’heure actuelle, la définition officielle de la culture Pakistanaise reste vague et l’état se doit encore d’embrasser ses différentes ethnies, religions et les cultures sectaires qui y évoluent depuis des siècles. Il n’y a pas de mal à absorber des influences positives de l’extérieur. Parce que si les conservateurs considèrent que l’influence occidentale est non islamique et alien à la culture pakistanaise c’est aussi le cas des influences provenant des pays de Golf qui nient les courants religieux indigènes du Pakistan. Le pays possède ses propres mouvements libéraux et conservateurs qui sont en accord avec l’évolution des sociétés et personnes à identités plurielles tout au long de la rivière Indus.
La volonté de remplacer au moyen d’ingénierie culturel les identités plurielles par une seule idéologie et identité social ne va que générer des problèmes et empiéter sur l’authenticité de la nation pakistanaise. »
Cet article offre un bon nombre clichés qui sont surprenant :
Les femmes paraissent très émancipées on y voit les filles pratiquant de taekwondo en 1948 ou sur la plage en robes sans manches ou encore entrain de fumer, chanter, danser, lire de la poésie. Les publicités sur les marques d’alcool et bières, les soirées dansantes, des publicités des cabarets, des établissements comme le cinéma et les clubs racontent un pan de la société aujourd’hui devenue invisible et tabou au Pakistan. On apprend également que c’était une société ouverte d’esprit dans l’accueil des étrangers sur son sol, on voit des banderoles de bienvenues pour Jackie Kennedy et des touristes hommes et femmes sans escortes , le pape Jean Paul II en visite auprès de la communauté chrétienne en 1981.
On en conclut donc que la culture est pluriel et en mouvance. Un exemple concret de ces changements intra culturelles à été illustré par Mariam Abou Zahab sur les rites shittes dans une conférence sur YouTube[8] : « Les rites shiites qui ont beaucoup changé. Après la révolution iranienne, il y a eu la volonté d’un groupe de gens jeunes et élite éduquée de faire le ménage dans les rites qui étaient hindoues. Donc il y a eu des rites beaucoup plus rationnels, austère à l’iranienne. C’a marché un petit peu pour une minorité de gens (les gens qui ont 60 ans en 2017). Au début de l’année 90, les violences contre les processions ont eu deux conséquences : les sunnites ne participaient plus aux processions. Donc c’est devenu [exclusivement] shiite avec le temps. Et les shiites ont commencé à faire des processions de plus en plus ostensoirs pour affirmer qu’ils n’avaient pas peur eux. Et puis avec le temps ce qui était devenu plus austère dans les habits et dans les prêches […] les prédicateurs ont changé leur style et adopté le style punjabi, [où ils s’évanouissaient d’émotion à la fin]. Avant on venait pour apprendre des choses, écouter les femmes qui passait de persan à l’ourdou, de l’ourdou à l’arabe. La poésie était extraordinaire. C’était éducatif. Et puis d’un coup on est revenu à des récits de Karbala qui partaient dans tous les sens pour faire pleurer les gens, on revenu à des choses plus locale et les pratiques hindoues sont revenues [comme] marcher sur les braises. Il y avait que Begum Sheesh Mehal 1970 à Karachi qui faisait ça ramené par les mohajjir. D’année en année, il y avait de plus en plus d’endroits au Punjab où on marchait sur des braises. Et puis on a trouvé une justification pour dire pourquoi les shiites faisaient cela : c’était Zainab qui courait sur le sable brulant d’une tente à l’autre sur la scène de Karbala. Les rites changent tout le temps et ça dépend de l’endroit. Sur 40 ans d’expérience, on introduit toujours de nouvelles choses. »
5. Conclusion
Ainsi, dans ce podcast nous avons décrit l’identité culturelle, nous avons définit la culture pakistanaise et exploré son caractère multiple et changeant.
Restez connectés avec nous pour les prochains épisodes sur les mêmes thèmes et n’hésitez pas à partager autour de vous si vous avez apprécié l’épisode.
Prenez soins de vous Salam Aleekum
[1] Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles. Conférence mondiale sur les politiques culturelles, Mexico City, 26 juillet – 6 août 1982. https://www.bak.admin.ch/bak/fr/home/themes/definition-de-la-culture-par-l-unesco.html#:~:text=%C2%ABLa%20culture%2C%20dans%20son%20sens,soci%C3%A9t%C3%A9%20ou%20un%20groupe%20social.
[2] Patrick CHAREAUDAU, L’Identité culturelle entre soi et l’autre, Actes du colloque de Louvain-la-Neuve en 2005, [en ligne] http://www.patrick-charaudeau.com/L-identite-culturelle-entre-soi-et.html 2009.
[3] Famille comme lieu de transmission, transmission et héritage. Mariana poulet 2016
[4] https://tplmoms.com/2015/09/24/comment-transmettre-un-heritage-culturel-un-enfant-bi-ou-multiculturel/
[5] Edward T. HALL, Au-delà de la culture, Collection Points Essais, Les Éditions du Seuil, Paris, 1987.
[6] Source 4
[7] https://www.dawn.com/news/print/1174696
[8] https://www.youtube.com/watch?v=szuc8UfQvXM&ab_channel=iReMMO
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1 février 2021 / admin / 0 Comments
A. Sur les traces de mon Identité
I. Identité
1. Introduction
Bismillahirahmaniraheem. Salam Aleekum, dans ce podcast nous allons un peu rétropédaler. Nous avons beaucoup parlé de l’identité hybride et questionné l’identité de la diaspora Pakistanaise. Mais concrètement, qu’est ce que l’identité ?
Dans son étude Education et Transmission familiale de l’identité culturelle à la réunion : Entre refus et appropriation[1], Alexandrine Dijoux fait un remarquable travail de définition de l’identité et les différentes réactions qu’on peut avoir.
L’« identité » est un terme polysémique. Sa définition est donc difficile car elle est très personnelle et très différente en fonction des personnes ; elle évolue tout le temps. Mais d’une manière générale, étymologiquement, selon le Robert, l’« identité » vient du latin « identitas », de « idem » qui signifie « le même ». Elle renvoie à ce par quoi un individu, un groupe se sent définit, accepté et reconnu comme tel par autrui. L’« identité » renvoie à la question « qui ? » et à l’être : être quelqu’un.
Elle est multiple : identité personnelle et Identité sociale, professionnelle, culturelle.
i. Identité personnelle
L’identité personnelle pour le psychologue Pierre TAP, est « le sentiment d’identité, c’est-à-dire le fait que l’individu se perçoit le même, reste le même dans le temps » Le prénom est donc un attribut de l’identité personnelle, ce qui le rend unique mais il partage d’autres attributs commune à la société auquel il appartient. Ce qui forme l’identité sociale.
ii. Identité sociale
Le plus évident marqueur de l’identité sociale est le phénotype, les traits sont similaires, les couleurs sont proches. Ensuite, il y a le partage des statues sociales et légales similaires : Les individus appartenant à une même société vont avoir tendance à idéaliser ou exercer certains métiers et se partager la même identité légale au niveau des nationalités, doits et passeports. Cette identité sociale englobe les différents groupes auxquelles on peut appartenir : pakistanais, français, européen, sud-asiatique, femmes, hommes, jeunes, vieux, riches pauvres, etc sachant que la famille est le premier groupe d’appartenance observable. Par opposition au prénom, le patronyme ou matronyme, lui est un signe d’origine. « Grâce à lui, on peut définir la parenté et faire le lien avec la lignée, l’histoire personnelle… C’est le marqueur de la filiation, de la génération, mais c’est parfois aussi un classificateur indiquant un ancrage local d’une région, d’un pays ou encore d’un statut social. Il s’agit là d’une difficulté pour les descendants d’esclaves qui n’ont pas eu droit d’utiliser leur réel patronyme ; difficulté également pour ceux dont le phénotype ne correspond pas toujours au patronyme. »
iii. Identité professionnelle
Le sociologue Renaud SAINSAULIEU, dans son livre L’identité au travail soutient que « l’entreprise est une petite société et donc aussi un lieu où, par la socialisation collective au travail, se construit l’identité et se fait la réalisation de soi. » Un emploi se traduit par une identité sociale et influe sur son image de soi. L’individu construit son identité professionnelle sur son identité sociale, et inversement son identité sociale se construit sur son identité professionnelle.
iv. Identité collective, culturelle et ethnique
L’identité collective quant à elle, regroupe les membres d’une communauté, qui dépassant leurs inégalités sociales se sentant attachés à une même langue et histoire ainsi qu’aux symboles et valeurs communes.
Appartenir à une culture, à une identité culturelle, implique selon Carmel CAMILLERI1 « qu’on soit reconnu comme semblable aux autres ».On acquiert cette culture via le phénomène dit « socialisation ou de enculturation » qui commence dès l’enfance et dure tout au long de la vie, toujours en construction, toujours inachevé » L’identité culturelle va se définir dans le temps et dans l’espace car les mœurs évoluent avec le temps et diffèrent au sein même d’une territoire. Il est quasi impossible d’en capter l’essence par écrit car en perpétuelle mutation, toute description est obsolète avant même de paraître.
2. Donc finalement ? Qu’est ce que l’identité ?
L’identité est multidimensionnelle avec une composante de l’identité personnelle qui est subjective, une composante objective qui est identité sociale, et l’identité culturelle qui est mouvante. Tout en étant plurielle, écrit Etienne BOURGEOIS, docteur en Sciences de l’Education, l’identité « n’est pas une juxtaposition de ces multiples identités. Elle en constitue l’intégration en un tout structuré, plus ou moins cohérent et fonctionnel ». Selon Erik Erikson, psychanalyste américain : L’identité a un caractère fluide, de transformation jamais achevée.
On peut donc en conclure que l’identité est la double articulation d’une composante permanente et d’une composante changeante. C’est un phénomène instable soumis au temps : Elle se repose sur l’histoire, sur l’époque actuelle et nos projets. D’autre part elle est soumise aux relations sociales : on va se définir relativement aux autres.
L’individu reste tout de même acteur conscient ou non dans la construction de son identité. Lorsque la société leur attribue une identité sociale et ethnique, les minorités ont des comportements diversifiés allant de rejet, négociation à l’acceptation. Pour cela elles peuvent avoir recours à plusieurs stratégies : On va essayer de définir succinctement quelques stratégies :
i. L’intériorisation
L’intériorisation consiste à accepter totalement l’image qu’on associe au groupe même s’il n’est pas juste.
ii. La surenchère
Dans la surenchère on va accepter l’identité assignée mais aussi mettre en avant les traits les plus stigmatisant en avant. Cette stratégie est individuelle.
iii. Le contournement
Lorsque les critères identitaires assignés sont assez floues, cela permet à un groupe de ne pas se sentir concerné et se construire une autre espace identitaire propre à lui.
iv. Le retournement sémantique
L’identité assignée est respectée mais transforme la négativité en positivité. C’est une des stratégies les plus fréquentes que de transformer ses faiblesses en ses points forts.
v. L’instrumentalisation de l’identité assignée
C’est un mode d’acceptation ou le groupe se rend compte des injustices et tente de les utiliser à son avantage.
vi. La recomposition identitaire
La recomposition identitaire vise à donner un nouveau sens aux attributs assignés même si ce n’est pas authentique.
vii. L’assignation au majoritaire
Les individus vont embrasser les valeurs du groupe majoritaires afin d’accéder à leur identité sociale. Leurs tactiques sont multiples :
- Changement de prénom et de patronyme
- Adoption à 100% de la langue majoritaire délaissant la langue d’origine
- Etablir son domicile à l’écart des individus de groupe minoritaire
- Changement d’identité nationale à travers la naturalisation
viii. Le déni
Le refus net d’accepter les traits assignés aux groupes.
ix. L’action collective
Stratégie collective par un groupe pour contester et revaloriser collectivement leur identité. Comme la condition des femmes par exemple.
3. Conclusion
Pour conclure, d’après cette étude on constate que l’identité a une constante permanente et l’autre constante est justement le changement car l’identité change en fonction de temps et espace. Les individus et les groupes ont différentes stratégie pour conserver leur identité ou de l’abandonner. J’espère que ces définitions nous permettront de mieux comprendre les podcast à venir inshallah. Selon vous, quelles sont les stratégies identitaires que les pakistanais de France ont adopté ?
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[1] https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01127947