A.    Sur les traces de mon Identité

 

       I.            Transmettre un héritage culturelle une grande responsabilité

1.      Introduction

Salam Aleekum tout le monde. Bienvenu à cette nouvelle épisode de Podcast Oraq : le podcast qui parle de la diaspora pakistanaise en France. Je m’appelle Warq et je suis votre hôte pour ce podcast.

Dans cette série de podcast, nous avons essayé de définir ce qu’est une identité culturelle et en quoi sa transmission est importante pour la diaspora. Dans une deuxième partie nous avions exploré la culture pakistanaise et son caractère pluriel et changeant. Puis nous avons vu ce que la diaspora actuelle transmet à ses enfants et en quoi ce n’est pas bien reçu.

Dans le podcast d’aujourd’hui, nous faisons un point sur ce qu’est un contexte favorable à la transmission culturelle et identifier les « passeurs » culturelles. Conjointement, on mène une réflexion sur la façon la plus propice pour transmettre un héritage culturelle.

2.      Qui transmet ?

Même si les parents mettent un point d’honneur à transmettre les valeurs religieuses, la stratégie globale de transmission ne paraît pas réfléchie ai sein de la diaspora pakistanaise. Elle semble être une bateau tantôt balloté par l’actualité, tantôt par les politiques de famille et tantôt par les passions propres des parents. Une étude de ministre de la culture et de la communication menée en 2014, se penche sur la transmission des passions culturelle. L’étude suggère que « l’intérêt pour la culture relève [soit du] registre de la reproduction, quand une passion permet de prolonger une tradition familiale ou locale et ainsi, d’affirmer une appartenance héritée ; ou dans [le ] registre de rupture et d’arrachement  à ces appartenances héritées, quand la passion traduit une volonté de s’en affranchir ou répond à une recherche de libération de soi. »[1] Ainsi, pour un enfant né dans une famille passionné par l’équitation, il est plus facile de pratiquer l’équitation parce que les parents sont au courant des us et coutumes de ce loisir. Tandis qu’on trouvera plus rarement des skieurs dans les familles pakistanaises où les parents eux-mêmes n’ont jamais skié.  Cela met en exergue qu’on peut soi-même s’approprier des passions, des activités culturelles donc une identité culturelle. Cependant, vu qu’on s’est forgé cette identité nouvelle, on ne sent pas un besoin de le transmettre absolument à ses enfants. Sans doute les laissant libre court à leur tour de se constituer une identité culturelle. Contrairement à l’attachement que d’autres familles auront pour perpétuer une série de violonistes, une 5ème génération de santonnier…  L’étude ministérielle appuie cette logique :« les deux tiers des « passeurs » (64 %) n’avaient eux mêmes reçu aucune passion culturelle en héritage. »

Si on ne peut contester la transmission d’un élément culturelle, ce serait évidemment la cuisine pakistnaise. La cuisine desi est une source de fierté pour toute la communauté et qui rayonne au-delà de ses sphères. J’ai un collègue qui à chaque fois qu’il voyage en Angleterre mange qu’indien car la cuisine britannique étant infâme.  Transmettre les recettes est presque naturelle et automatique. C’est une des terrains d’entente entre les enfants et les parents. Vous avez certainement vu des chaines youtube qui sont souvent tenus par des femmes.  L’étude ministérielle  va dans ce sens : « Le rôle des femmes apparaît, dans ce contexte, supérieur à celui des hommes : elles sont deux fois plus nombreuses à avoir transmis une passion culturelle après en avoir reçu une (4 % contre 2 %), si bien que près des trois quarts des passions ayant franchi le cap de la seconde génération (71 %) ont été « passées » par des femmes. »

Un autre élément qui se transmet plus ou moins naturellement est la langue. « La langue est un bout de pays auquel les immigrants peuvent s’accrocher et c’est un outil qui leur permet d’avoir le sentiment de communauté avec ceux qui parlent la même langue ». Il va être très facile, voire naturelle de transmettre la langue si les deux parents parlent la même langue. Lorsque les langues des parents diffèrent les schémas sont un peu différents. Ça peut être vertueux : les enfants parlent les deux langues des parents soit moins productive car c’est moins ludique quand votre partenaire ne comprend pas la langue. Ça peut devenir un vrai challenge dans les mariages mixtes ce qui peut expliquer le taux élevée de mariages endogame. Souvent avec un époux « importé » du pays pour rafraichir la culture et maintenir la qualité de la langue.  Cependant, il arrive aussi que  « Les enfants qui comprennent la langue de leur parents les répondent en [la langue de pays d’accueil, en occurrence français] lorsque leurs parents s’adressent à eux dans leur langue maternel. (Wakil et al., 1981, p. 937). Mais dans certains cas ils doivent comprendre et parler la langue maternelle parce que leurs parents ou leur famille ne comprend pas l’anglais. ». On peut toutefois assez facilement comprendre l’engouement autour de la transmision de  La langue permet non seulement de se connecter à la toute la communauté de diaspora mais aussi à la population de pays d’origine, avec ses ressources culturelles tels que les livres, les contenues audio et visuels qui ouvrent d’autres portes encore de la culture.

L’aspect le plus controversée d’un héritage culturel serait la religion comme nous avons vu dans le podcast précédent. La famille transmet ses croyances. Les femmes essaient d’apprendre le Coran à leurs enfants et à faire les prières. Les hommes vont pouvoir amener les enfants avec eux à la mosquée. Les parents pakistanais ici sont confrontés à une difficulté qui leur est propre. La plupart des mosquées sont arabophone et ne mettent pas l’accent sur les prêches en français et même s’il y avait des prêches en français, ils ne comprennent pas tout. Ce qu’ils essaient de transmettre à leur enfant vient de ce qu’ils ont eux même appris de leurs ancêtres sans se poser les questions. Mais leurs enfants leur posent des questions, décortiquent les traditions de la religion, demandent des références.  Il leur est souvent difficile de répondre et parfois même de comprendre le questionnement des valeurs. Cependant, ces questions peuvent justement aider à séparer l’essentiel de superflu ainsi à garder la partie de notre identité sans la quelle une personne serait incomplète et laisser aller les parties sans les quelles on peut vivre. C’est un processus douloureux, difficile qui génère des clashes mais est essentiel.

Enfin, j’aimerais mettre en lumière pour les parents qu’on ne peut par magie transmettre tout ses valeurs : cela vient avec un effort, c’a un prix. Cela commence par comment on nomme l’enfant.  Est ce qu’on fait honneur à son histoire ou on s’intègre dans le pays d’accueil ? Ensuite, cela passe par les fêtes qu’on va célébrer religieuse ou nationales. Si on ne mets pas d’effort dans l’organisation de l’Aïd, aux achats de cadeaux et nouveaux habits pour ces fêtes il est normale que les enfants seront plus attirer par la fête de noël célébré en grande pompe. Si on ne fête pas le 14 Août, qu’on ne maintient pas le lien avec la culture pakistanaise c’est difficile d’imaginer que les enfants auront des liens forts avec le pays d’origine. Pour cela certains parents amènent régulièrement leurs enfants en vacances auprès de la famille  et certains vont même jusqu’à passer quelques années d’éducation au Pakistan pour leur offrir le « tarbiyat ». [2]

3.      Quelques pistes

Mon conseil serait de transmettre des idéologies déjà les parents adhèrent, sinon c’est contradictoire et source de confusion pour les enfants.  Posez-vous les questions dans mon héritage qu’est qui est essentiel ? Qu’est ce qui a une valeur ajouté ?

Vous pouvez également établir des calendriers thématiques avec des jours religieux et culturel importants. Vous pouvez trouver un moyen ludique de leur transmettre la langue, avec l’écriture et la lecture. Beaucoup d’initiatives existent sur internet maintenant. Leur faire connaitre vos chansons, vos filmes préférés. Vos histoires de familles et celles de vos ancêtres. Vous pouvez créer avec eux un arbre généalogique ce qui vous permettra de prendre les nouvelles de tout le monde et aussi à faire comprendre les liens à vos enfants.[3]

Vous pouvez  planifier en famille ce que vous allez faire ces jours là. Par exemple le 14 Aout, préparer des jhandiyan avec vos enfants, éclairer votre balcon. Quand vos enfants verront les fêtes islamiques, françaises et pakistanaises ajoutés à leur calendrier, ils verront leur richesse. Par exemple vous pourrez les initier aux galettes des rois  ou leur faire des crêpes en février, créer un jeu pour les œufs de pâques. Vous pouvez vous approprier ces moments avec vos propres inventions pour que vos enfants ne se sentent pas lésés en les expliquant dès leur plus jeune âge pourquoi vous fêtez ou pas tel ou tel fête. Préparez vos enfants à avoir ces discussions. Invitez leurs amis quand ce sont vos fêtes religieuses. Pour les fêtes de l’Aïd, vous pouvez demander à vos enfants de décorer de préparer un coin prière. Réserver des habits neufs ou spéciaux pour ces occasions peut aussi rendre ces jours remarquables.  Vous pouvez tout au long de l’année inviter et rendre visites au gens qui ont la même histoire que vous pour que vos enfants aient des repères.

Amener vos enfants au Pakistan pour leur offrir l’expérience la plus locale possible est un excellent moyen : les amener faire des courses, les introduits au produits et spécialités, les faires voyager dans les transports locaux peut être très stimulant pour eux.  Si vos moyens le permettent, vous pouvez planifier avec vos enfants d’y habiter pour quelques temps.

C’est sain pour les parents et pour les enfants d’avoir le cadre pays d’accueil et pays d’origine. Dans cette transmission culturelle, il serait dommage de ne pas les impliquer, éduquer au niveau des enjeux de pays actuel. Il est important de les impliquer pour qu’ils y trouvent leur place. Qu’ils se trouvent une légitimité à être des citoyens de leur pays d’origine. Aller voter et discuter des affaires courantes à table ou dans le salon est une solution.

« Près d’un Français sur trois (30 %) déclare avoir reçu de son entourage, au cours de l’enfance, une activité de loisirs ou une passion en héritage » De même, les personnes ayant reçu une passion culturelle sont plus nombreuses à être issues d’une famille où les discussions étaient nombreuses, où on parlait de l’actualité, de l’école, du travail des parents… Elles sont également plus nombreuses dans les familles où les conflits et les problèmes étaient les plus fréquents : avoir vécu son enfance dans un cercle familial où l’on s’opposait à propos de politique, de religion ou de choix de vie et/ou où l’on connaissait des difficultés est globalement corrélé à la transmission d’une passion culturelle. »

Une des pistes peut également être la déconstruction des pensées. Pourquoi votre enfant n’aime pas les habits pakistanais ? Qu’est ce qu’il y associe qui ne lui plaît pas ? Est-ce qu’iel a une image partielle de la chose ? Pouvez-vous lui montrer une facette plus prestigieuse ? Pouvez-vous lui montrer en quoi les habits pakistanais sont un support d’identité ? Soutiennent des chaînes économiques ? Lui permette de renouer avec ses racines ?

Qu’est ce qui dérange votre enfant à parler urdu en public ? Le regard des autres ? En quoi ce regard est différent d’un regard quand on voit quelqu’un parler anglais, japonais ou russe ? Est-ce qu’il y a une différence réelle ou c’est un complexe intériorisé ?

Décortiquer les raisonnements peut non seulement être bénéfique pour les enfants mais aussi pour les parents.

Enfin, les nouvelles technologies permettent à la diaspora non seulement l’intégration dans la société hôte à travers des réseaux d’entraide mais aussi avoir un sentiment d’être « là bas » tout en étant « ici ». La diaspora chinoise est particulièrement exemplaire dans ce domaine. [4]

4.      Conclusion

J’aimerais juste finir ce podcast avec un mot de tolérance envers soi : nous savons que les parents ont d’autres fronts sur lesquelles se battent. On n’est pas tous superman et superwoman. Il y a que le Quran  qui serra transmis sans pertes. Alors dans la culture soyez plus tolérants. Toutes ces identités font partie de ce monde, identité musulmane est plus importante car on va l’emporter dans notre tombe. Alors si vous avez peu de temps, focalisez-vous sur cette transmission là.

5.      Ressources

Pour aller plus loin, vous pouvez regarder le film « Va, vit et devient » de Radu Maihaileanu, à propos d’un jeune enfant qui doit abandonner sa religion pour survivre. Le film « Lost in Translation » de Sofia Coppola à propos des barrières culturelles. En termes de livres vous pouvez lire Motherhood across borders de Gabrielle Oliviera.  J’ai mis quelques liens de vidéos des humoristes et des Ted talk sur les sujets. Sachez que les ressources que j’exploite sont toujours plus riches par rapport ce que j’arrive à vous présenter donc vous pouvez toujours consulter mes références pour aller plus loin.

Gabrielle Oliviera sur la fluidité des identités : https://www.youtube.com/watch?v=K_TUUA-aHAw

[1] MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION. Direction de l’administration générale. Bulletin du Département des études et de la prospective Directeur de la publication : Guillaume CERUTTI. Rédacteur en chef : Paul TOLILA. La Documentation française/ISSN 0294-8451

[2] Going Back to Pakistan for Education? The Interplay of Return Mobilities, Education, and Transnational Living

[3] Yasir Qadhi https://www.youtube.com/watch?v=wOCt6-pBFtU&ab_channel=YasirQadhi

[4]https://doi.org/10.4000/netcom.303

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