A. Sur les traces de mon Identité
I. Identité culturelle
1. Introduction
Salam Aleekum tout le monde. Bienvenu à cette nouvelle épisode de Podcast Oraq : le podcast qui parle de la diaspora pakistanaise en France. Moi, je suis Warq votre hôte pour cet épisode.
Avant de commencer, Je tiens juste à préciser que je ne suis pas sociologue ou anthropologue donc je n’ai certainement pas les outils d’études ou exposé. Ce podcast est un cheminement, la recherche sur le sujet me permet de comprendre chaque jour de nouvelles choses. Vos commentaires sur vos ressentis sont bienvenus afin d’améliorer et rester le plus authentique possible. Pour que cette discussion puisse atteindre un grand nombre de personnes, n’hésitez pas à le partager avec vos amis, familles et connaissances.
Aujourd’hui, nous abordons le sujet de la transmission culturelle au sein de la diaspora pakistanaise. Selon l’UNESCO, «La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.» [1]
Selon Patrick Chareaudau, linguiste français « aller à la quête de son identité culturelle, c’est aller à la quête de soi »[2]. Selon Taylor « la culture est un ensemble d’habitudes acquises par l’homme en société ».[3] S’il y a plusieurs sociétés, il y a plusieurs cultures. Il explique que les flux migratoires provoquent un mélange culturel qui résulte parfois en perte culturelle donc de son identité culturelle. Un phénomène qu’on appelle d’ « acculturation » par opposition à l’ « enculturation » qui est le fait d’acquérir une culture. On apprend donc que l’identité culturelle est un phénomène mouvant. Cette acculturation nous pousse à partir à la recherche de notre « culture originelle ». C’est exactement dans cette démarche que le projet de Podcast Oraq s’inscrit.
Beaucoup de parents ayant choisi l’immigration ont du mal à savoir comment transmettre leur culture.
Une maman écrit sur son blog TPL Moms[4] : « Je suis d’origine sénégalaise, française, canadienne et j’habite au Québec. La personne que je suis est teintée de toutes ces cultures. Longtemps, j’ai refusé mon héritage culturel sénégalais, pas assez cool à mon goût, jusqu’à ce que je me rende au Sénégal à 33 ans et que je réalise que la culture sénégalaise faisait partie intégrante de la personne que j’étais.
Mon héritière (ma fille) a aussi un héritage multiculturel et je veux qu’elle en soit fière. Il est important qu’elle sache d’où elle vient et quelle est l’histoire de sa famille. Lorsqu’elle est née, je lui ai laissé en héritage un prénom sénégalais. Rassurez-vous, si elle trouve que son prénom est trop typé, elle a encore trois autres prénoms avec lesquels elle peut le substituer. »
Dans une petite série de podcast nous allons nous pencher sur l’identité culturelle pakistanaise, comment elle est actuellement transmise au sein de la diaspora et comment on pourrait optimiser sa transmission.
2. Qu’est que l’identité culturelle et pourquoi cela prend des dimensions si importantes pour les parents immigrants ?
Selon Edward T Hall c’est la relation que l’homme« entretient avec lui même, avec ses institutions, ses idées, son entourage immédiat ou élargi à la communauté humaine, en un mot, à la relation qu’il entretient avec sa culture »[5]. La rencontre avec l’autre, serait une opportunité d’ouverture de soi et sur l’Autre selon Marianna Poulet dans son mémoire intitulé » La famille comme Lieu de transmission, Transmission & héritage culturelle ».
Elle questionne : En arrivant dans la société d’accueil doit-on abandonner son identité culturelle ? Certes s’intégrer dans une société reste important. Le sentiment d’appartenance à un groupe constitue un des aspects de l’identité et du sentiment de Soi. Le groupe nous donne des repères, une sécurité. En appartenant à un groupe on se définit à travers eux. Ainsi le fait d’être intégré dans une société nous permet de nous construire et d’être reconnu par les autres.
Dans l’article « L’identité culturelle entre soi et l’autre », Patrick Charaudeau parle de la quête de soi à travers l’autre. En effet, dans son texte il explique que le regard de l’autre se rapporte à nous-mêmes, il est comme notre miroir. Il cite les Fables de la Fontaine. Selon lui dans chacune d’elles l’auteur confronte deux animaux pour rendre compte à l’autre de ce qu’il est : « Le corbeau se découvre naïf et orgueilleux, sous le regard du renard ; la cigale frivole et irresponsable aux dires de la fourmi ; le lion pas si puissant que ça devant l’action du rat qui le libère des mailles du filet qui l’emprisonnent… »[6].
3. Une transmission réussie résulte d’une intégration réussie
J’ai lu plusieurs études sur la transmission culturelle concernant les mexicains aux Etats Unis, Les Réunionnais au sein de l’île même, les polonais en France et les pakistanais au Canada.
Il y a deux types de courants. Ceux qui embrasse la culture de pays d’accueil par amour, curiosité et s’intègrent. C’est le cas dans l’étude polonaise de Marianna Poulet. Elle a conduit des entretiens avec plusieurs immigrantes polonaises dont une témoigne : « j’avais envie d’apprendre la cuisine d’ici ! J’étais curieuse des habitudes des gens d’ici, et puis j’avais envie surtout ! […]J’ai intégré dans ma façon de vivre les traditions et les fêtes familiales de mon mari. J’ai construit beaucoup de chose autour de mon enfant. J’ai pris le meilleur de ma culture et de la culture française et j’ai essayé de regrouper les deux ». Elle me semble avoir atteint le modèle parfait de symbiose culturelle. Mais je suppose que de base il y avait certains points commun. Au niveau de la religion, il avait les mêmes fêtes mais différentes façon de les célébrer. Ils avaient des bases communes de pays européen et donc relativement moins de stigmatisation par rapport à quelqu’un qui vient de tiers monde. Les polonais partagent les mêmes notions à propos de travail des femmes, du style vestimentaire similaire au niveau de normes pudique. Ils ont la même couleur de peau donc une fois la langue de pays d’accueil apprise, l’intégration est naturelle et le caractère d’ « immigrants » difficile à détecter.
L’autre courant concerne les mexicains aux Etats-Unis, les réunionnais et les pakistanais au Canada, notre physique étant un passeport vivant de nos origine atteindre ce niveau d’intégration semble de base difficile. Si dans un premier temps l’individu s’adapte à la société, la société doit aussi faire l’effort de s’adapter à l’individu. Le dilemme est que dans ce contrat l’individu doit abandonner les valeurs en désaccord avec la société d’accueil, en France cela signifie abandonner sa religion or pour les pakistanais la religion est une partie intégrante de leur identité. De plus, on voit dans le film « Va, vit et devient » O combien cette abandon n’est pas naturelle.
4. Qu’est ce que la culture Pakistanaise ?
Gardons cela en tête et avant d’aller faire un état des lieux de la transmission culturelle dans la diaspora Pakistanaise, je vous propose de s’arrêter sur un article de DAWN, publié en 2015 et qui s’intitule La culture Pakistanaise : évolution, transformation et mutation[7]. Ce qui est appréciable dans cet article c’est que ça ne s’est pas arrêté aux aspects les plus acceptables de la culture.
L’article explique que le « Pakistan a vu le jour en 1947 suivant une théorie nationaliste qui décrivait les musulmans de l’Inde comme une culture et une entité politique à part dans la région. Les gauchistes et les partisans libéraux de Mohammad Ali Jinnah, fondateur de Pakistan, ont interprété cette impulsion séparatiste comme une tentative de créer un pays à majorité musulmane qui va d’office annihiler l’atmosphère de conflits intercommunautaires qui avait envahi l’Inde à l’époque.
Mais alors que les libéraux et la gauche ont considéré le mouvement séparatiste comme juste une manœuvre politique pour protéger la minorité musulmane de L’inde de la vague des conflits de l’Inde pré-partition, la droite politique l’a interprété en termes théologiques. Pour eux, la création du Pakistan était une première étape pour établir un possible califat dans l’Asie du Sud
Mais les idées de la droite ont été défiées par les progressistes dans les années 60. Ceux-ci portaient l’idée que la culture pakistanaise n’était pas monolithique mais naturellement plurielle et l’islam était une de ses facettes et non l’intégrité. C’était la combinaison de toutes les cultures individuelles des différents courants islamiques et les groupe ethniques qui occupaient le territoire. Ils ajoutaient aussi que la culture pakistanaise avait aussi adopté des éléments de la culture occidentale en héritage de son passé coloniale.
Ce qui permet à la droite de les accuser de vouloir « singer les occidentaux » et de perpétuer les rites hindous. Même si la droite elle-même est accusée d’inciter les pakistanais à « singer les arabes » et accepter un statut d’un musulman de seconde zone.
A l’heure actuelle, la définition officielle de la culture Pakistanaise reste vague et l’état se doit encore d’embrasser ses différentes ethnies, religions et les cultures sectaires qui y évoluent depuis des siècles. Il n’y a pas de mal à absorber des influences positives de l’extérieur. Parce que si les conservateurs considèrent que l’influence occidentale est non islamique et alien à la culture pakistanaise c’est aussi le cas des influences provenant des pays de Golf qui nient les courants religieux indigènes du Pakistan. Le pays possède ses propres mouvements libéraux et conservateurs qui sont en accord avec l’évolution des sociétés et personnes à identités plurielles tout au long de la rivière Indus.
La volonté de remplacer au moyen d’ingénierie culturel les identités plurielles par une seule idéologie et identité social ne va que générer des problèmes et empiéter sur l’authenticité de la nation pakistanaise. »
Cet article offre un bon nombre clichés qui sont surprenant :
Les femmes paraissent très émancipées on y voit les filles pratiquant de taekwondo en 1948 ou sur la plage en robes sans manches ou encore entrain de fumer, chanter, danser, lire de la poésie. Les publicités sur les marques d’alcool et bières, les soirées dansantes, des publicités des cabarets, des établissements comme le cinéma et les clubs racontent un pan de la société aujourd’hui devenue invisible et tabou au Pakistan. On apprend également que c’était une société ouverte d’esprit dans l’accueil des étrangers sur son sol, on voit des banderoles de bienvenues pour Jackie Kennedy et des touristes hommes et femmes sans escortes , le pape Jean Paul II en visite auprès de la communauté chrétienne en 1981.
On en conclut donc que la culture est pluriel et en mouvance. Un exemple concret de ces changements intra culturelles à été illustré par Mariam Abou Zahab sur les rites shittes dans une conférence sur YouTube[8] : « Les rites shiites qui ont beaucoup changé. Après la révolution iranienne, il y a eu la volonté d’un groupe de gens jeunes et élite éduquée de faire le ménage dans les rites qui étaient hindoues. Donc il y a eu des rites beaucoup plus rationnels, austère à l’iranienne. C’a marché un petit peu pour une minorité de gens (les gens qui ont 60 ans en 2017). Au début de l’année 90, les violences contre les processions ont eu deux conséquences : les sunnites ne participaient plus aux processions. Donc c’est devenu [exclusivement] shiite avec le temps. Et les shiites ont commencé à faire des processions de plus en plus ostensoirs pour affirmer qu’ils n’avaient pas peur eux. Et puis avec le temps ce qui était devenu plus austère dans les habits et dans les prêches […] les prédicateurs ont changé leur style et adopté le style punjabi, [où ils s’évanouissaient d’émotion à la fin]. Avant on venait pour apprendre des choses, écouter les femmes qui passait de persan à l’ourdou, de l’ourdou à l’arabe. La poésie était extraordinaire. C’était éducatif. Et puis d’un coup on est revenu à des récits de Karbala qui partaient dans tous les sens pour faire pleurer les gens, on revenu à des choses plus locale et les pratiques hindoues sont revenues [comme] marcher sur les braises. Il y avait que Begum Sheesh Mehal 1970 à Karachi qui faisait ça ramené par les mohajjir. D’année en année, il y avait de plus en plus d’endroits au Punjab où on marchait sur des braises. Et puis on a trouvé une justification pour dire pourquoi les shiites faisaient cela : c’était Zainab qui courait sur le sable brulant d’une tente à l’autre sur la scène de Karbala. Les rites changent tout le temps et ça dépend de l’endroit. Sur 40 ans d’expérience, on introduit toujours de nouvelles choses. »
5. Conclusion
Ainsi, dans ce podcast nous avons décrit l’identité culturelle, nous avons définit la culture pakistanaise et exploré son caractère multiple et changeant.
Restez connectés avec nous pour les prochains épisodes sur les mêmes thèmes et n’hésitez pas à partager autour de vous si vous avez apprécié l’épisode.
Prenez soins de vous Salam Aleekum
[1] Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles. Conférence mondiale sur les politiques culturelles, Mexico City, 26 juillet – 6 août 1982. https://www.bak.admin.ch/bak/fr/home/themes/definition-de-la-culture-par-l-unesco.html#:~:text=%C2%ABLa%20culture%2C%20dans%20son%20sens,soci%C3%A9t%C3%A9%20ou%20un%20groupe%20social.
[2] Patrick CHAREAUDAU, L’Identité culturelle entre soi et l’autre, Actes du colloque de Louvain-la-Neuve en 2005, [en ligne] http://www.patrick-charaudeau.com/L-identite-culturelle-entre-soi-et.html 2009.
[3] Famille comme lieu de transmission, transmission et héritage. Mariana poulet 2016
[4] https://tplmoms.com/2015/09/24/comment-transmettre-un-heritage-culturel-un-enfant-bi-ou-multiculturel/
[5] Edward T. HALL, Au-delà de la culture, Collection Points Essais, Les Éditions du Seuil, Paris, 1987.
[6] Source 4
[7] https://www.dawn.com/news/print/1174696
[8] https://www.youtube.com/watch?v=szuc8UfQvXM&ab_channel=iReMMO
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