Je ne suis pas seule, j’aurais toujours Lui.
Au début tu te dis : ça sert à rien de se maquiller, ça sert à rien la crème. Ça sert à rien de se laver le visage. Ca sert à rien de se brosser les dents. Maintenant tu regardes ton visage et tu vois un fantôme dans le miroir. Tu sens l’haleine de chacal remonter ton masque. Tu te demandes comment ç’a pu t’arriver. Eh ben, c’est arrivé petit à petit. C’est arrivé petit à petit.
Tu te dis que ce n’est qu’un petit accessoire, un petit papillon pour mon foulard. Tu te dis : et si je ne le mets pas, ça ne changera rien. Tu te dis que si ton foulard n’est pas stylé, au fond ce n’est pas si important. Si tes vêtements ne vont pas ensemble, ça n’a pas d’importance. Mais toutes ces concessions que tu fais petit à petit. Font qu’un jour tu croises ton reflet dans une vitrine, hagard. Après réflexion tu ressembles à un clochard.
Des avocats israéliens, tu n’en veux pas. Aller faire les courses au marché, écourter ma grasse matinée, tu ne peux pas. Manger des fruits : pas dans tes habitudes. Manger la viande dans n’importe quelle forme : pas dans tes habitudes. Abandonner le gaspillage : pas dans tes habitudes. Te motiver pour faire un repas, allumer la cuisinière : pas dans tes habitudes. Arrêter le thé que tu bois par habitude, pas dans tes habitudes. Petit à petit. Tu voudrais manger via wifi. Comme d’un portable on recharge la batterie. Tu deviens nerveuse. Tu mâche bruyamment ton chewing-gum. Tu te lamentes sur tes chutes de cheveux… Tu croise un reflet devant l’armoire. Si c’était toi ça pourrait se savoir. Sa tête est à voir. Pâle et blafarde. C’est arrivé petit à petit.
La sunnah, c’est du luxe. Le fajr, c’est pour les plus hardis. La prière à l’heure c’est pour les plus investis. Apprendre le Coran, ça se fait quand t’es petit. S’assoir avec le Coran, c’est réservé au Ramadan. S’habiller modestement, c’est pas pour les charlatans.
Tu glisses sur la pente. Tu t’oublies en chemin. Ça t’arrache ton âme. Tu tombes, tu galères, tu rames. Petit à petit. Ça arrive petit à petit.
Heureusement, tu entends un verset. Tu vois la lune, un coucher de soleil, un feuille qui tombe dans ta paume, tu sens un parfum exquis. Tu te relève de ta chaise. Tu mets la radio, tu te laves le visage. Tu te brosses les dents, tu fais ton lit. Tu descends les poubelles, tu fais une machine. Tu change ta culotte, tu repasses tes habits. Tu fais un gommage, tu t’épiles si t’as envie.
Tu t’assoies sur une chaise, tu réalises tes listes. Tu manges et tu t’hydrates, tu vas à mosquée et tu pries. Petit à petit. Ça arrive petit à petit. Une vague de bonheur qui amène un tsunami. Dans le miroir tu vois un joli sourire. Je ne suis pas seule. J’aurais toujours Lui.
Tu te coupes les ongles. Tu te mets du vernis. Tu te maquilles car t’as envie. Tu fais un joli coiffure. Tu mets tes boucles d’oreilles. Tu sors une bague. Tu accordes tes habits.
Tu prends une photo, tu te souries à toi même. Tu vas voir ta famille. Tu vas petit à petit. Tu t’enlèves les épines, tu mets de la crème. Tu mets ta tête dans les arbres. Tu vas voir le medecin. Tu fais une analyse de sang, tu apprends de nouveaux mots. Tu reconnais tes faiblesses et tu acceptes de l’aide. Petit à petit ma chérie. Petit à petit.
Tu résilie ton netflix, tu t’abonnes à des bons amis. C’est comme arriver dans une nouvelle galaxie. Petit a petit. Ma chérie, petit à petit.